Jordan Mignon arrête sa carrière : « Mon histoire, c’est Lège »

Sans tambour ni trompette, à l’image du joueur, Jordan Mignon va tirer sa révérence ce samedi 4 juin 2022, à l’issue de la dernière rencontre de N3 contre l’Aviron Bayonnais sur ce terrain d’honneur « qu’il rêvait de fouler ». Homme d’un seul club amateur, l’ancien pro revient avec tendresse sur son attachement à l’USLCF et son parcours riche dans le football. Interview à cœur ouvert.

Jordan, Cette fois, c’est vraiment fini, tu raccroches les crampons ?

– Oui, ma fin de carrière approche puisque c’est samedi ! Je devais arrêter l’été dernier, j’ai quand même signé mais sans vraiment m’investir… Au début ! Avec les mauvais résultats, je me suis senti obligé de venir aider. Ca a été une saison difficile, terrible, on perdait tous les dimanches. Et puis on a réalisé un truc extraordinaire, la remontée au classement. Ce maintien, c’est incroyable, on ne mesure pas assez ce qu’on est allé chercher. J’ai jamais autant kiffé le foot qu’en cette deuxième partie de saison.

Cette fois, j’ai pris ma décision. Il y a plein d’autres choses dans la vie dont je n’ai pas pu profiter, j’ai maintenant une famille, un boulot avec des responsabilités, et je ne serais pas capable de jouer en dilettante. Les entraînements, l’investissement, le temps pris, j’ai fait le tour. D’autant que j’avais très peur d’arrêter sur une note négative. Là, c’est bon !

Le plaisir sur le terrain, il est également venu avec un nouveau rôle dans le groupe ?

– Oui ! J’ai un peu reculé, dans une position de 10 et 9 et demi… Et j’ai adoré ! Je me suis redécouvert et j’ai également redécouvert mes propres qualités, le toucher de balle, la vision du jeu, jouer pour les autres, faire des passes décisives qui coïncident complètement avec ce nouveau poste. C’est quelque chose que j’ai toujours eu en moi mais aucun entraîneur n’y avait pensé. J’ai été formaté pour être un 9 alors qu’au fond, j’avais ces qualités. J’aurais pu évoluer différemment, si on avait moins exploité mon côté bourrin et plus développé une certaine finesse. C’est comme ça. Et c’est vrai aussi pour ce rôle de capitaine. J’ai aimé faire ça, ça me correspond mais je ne me faisais pas assez confiance pour penser que j’en étais capable. J’ai été trop discret, trop réservé toute ma carrière.

Une carrière commencée à Lège et qui se termine ici ?

– Obligé ! J’ai commencé à cinq ans ici. J’en suis parti à 13 pour le centre de formation des Girondins. J’ai ensuite mené une carrière pros, à Boulogne/Mer, à Luçon (avec NGolo Kanté), je suis revenu à Lège. Toujours. Je n’ai connu qu’un seul club amateur, l’USLCF. J’mais je ne pourrais jouer ailleurs. Mon rêve, môme, c’était de jouer un jour sur le terrain d’honneur du stade Goubet ! Ca, c’est fait (rires). J’aurais un pincement au cœur samedi, parce que je pense qua ma carrière aurait pu mieux se passer, j’aurais pu gratter un peu plus avec plus de chance et de caractère… J’ai été international U19 mais à cette époque, les Girondins faisaient redescendre des pros en réserve. A chaque fois, dans les clubs, je n’ai pas toujours eu de chance… Mais je suis très épanoui et je n’ai pas de regrets.

L’après-foot ne sera pas trop difficile ?

– Non, je ne crois pas. Aujourd’hui, je ne peux plus me consacrer à 100% au football. J’ai d’autres priorités, m afamille, avec ma petite qui va avoir dix mois, ma compagne, une maison, un job de responsable commercial. Je veux apprendre à faire du vélo à ma fille, être là le samedi et pas qu’un seul, tous les samedis ! Cela n’a pas été facile pour moi, mon enfance, le foot. J’ai toujours été en quête pour apprendre quelque chose, peut-être trop analyste pour bien y réussir… Toujours à me poser 10 000 questions. Mais je suis convaincu que jen’en serais pas là aujourd’hui dans ma vie si cela n’avait pas été dur dans le foot. Je n’ai donc pas une seule pointe de tristesse, sauf pour le club qui voudrait que je reste encore un peu. Je n’ai que 30 ans. Et comme je l’ai dit, il y a plein d’autres choses dans la vie que je n’ai pas connues. Mon histoire, c’est Lège. Que Lège. »